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Shigurui: Death Frenzy

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 3.92/5

vos avis

2 critiques: 2.62/5



Ordell Robbie 4 Flirte avec le putassier mais souvent esthétiquement sublime.
Astec 4 Ça déchire...
Arno Ching-wan 3.75 Samurais pâles et glabres usant d’âpres palabres et de macabres sabres
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Ça déchire...

D'abord, comme il l'a si gentillement suggéré, quelques cailloux pour Happy, côté critiques visiteurs. Voilà, c'est fait.

Histoire d'appuyer un peu plus le propos de mon camarade de jeu, Arno, je me permet d'en remettre une petite couche sur cette série toujours inédite dans nos contrées. Avec Shigurui on oublie le groove et le fun d'un Samurai Champloo (2004), la « blaxploitation » attitude d'un Afro Samurai (2006) , les chorégrahies très HK d'un Sword of the Stranger (2007)..., ici on cause vrai, on cause dur, on cause chair et sang, on cause déviant. Dans Shigurui, ce n'est pas la violence qui est mise en scène, c'est la douleur, celle causée par les lames, celles qu'on s'inflige à soi-même au nom de valeurs dont l'évanescence n'est jamais plus évidente qu'au milieu de la folie ambiante. Et l'ambiance ne semble franchement pas être à la rigolade. Lorsque commence l'histoire, nous sommes au début du 17ème siècle, en l'an 1629, au château de Suruga où un tournoi d'une nature particulière, entre samouraïs, est organisé : des combats à mort. Alors que se termine un combat, deux nouveaux participants s'avancent. Ce qui les distingue du tout venant ? Ils sont tous les deux marqués d'infirmités : l'un est manchot tandis que l'autre est aveugle et boiteux. Il se connaissent. Ils ont été élèves de la même école... La série s'attache ensuite à revenir sur les évènements antérieurs à ce duel, alors que les 2 combattants étaient élèves du même dojô, dirigé par un maître au sadisme aussi exacerbé que sa maitrise du sabre. Un malade en guise de maitre pour des élèves tous plus désaxés les uns que les autres, et une rivalité sur tous les plans entre les 2 combattants les plus prometteurs du dôjo, et des femmes bien entendu, avec du sexe - déviant aussi - et nous avons là tous les ingrédients d'un drame sanglant, où les chairs sont découpées, les muscles noués, distendus, les corps maltraités tout comme les psychés, un univers où la maitrise est tout, où la douleur est la mesure de cette dernière, son moteur, sa raison, la racine. Tous ces gens sont de grands malades et la tension toute contenue qui prévaut dans leurs relations est parfaitement palpable à travers la mise en scène, le rythme et la direction artistique (excellente également, comme la musique). Franchement, je comprends ce qu'Arno voulait dire en citant les Chevaliers du Zodiac dans son texte, mais que ça ne vous donne pas une fausse impression, Shigurui n'a rien à voir avec une série shônen où s'enchainent des techniques absconces : l'univers est extrême mais réaliste, comme le sont les enjeux dramatiques. Ce n'est pas une série pour jeunot.

D'abord un roman de Norio NANJÔ, Shigurui est ensuite devenu un manga signé Takayuki YAMAGUCHI, une série qui est également publiée en France par Panini. Pour ce qui est de l'anime, produit par Madhouse, le résultat est tout simplement fascinant et si la série n'est pas démonstrative d'une animation trépidante de tous les instants, quand ça bouge, ça bouge très bien. La mise en scène ne joue d'ailleurs pas la carte de l'agitation, elle sait prendre son temps, installer une ambiance, faire monter la tension pour mieux rendre compte de l'irruption de la violence. Il y a d'ailleurs un sacré travail au niveau des cadres, du découpage, fruit probablement de storyboards d'une excellente qualité. Pour l'anecdote, j'ai la chance d'avoir les copies des storyboards complets de plusieurs épisodes et ceux signés du réalisateur, Hirotsogu HAMAZAKI, sont tout simplement magnifiques en termes de finition et de qualité du dessin. Le douzième et dernier épisode se paye même le luxe d'un storyboard signé Yoshiaki KAWAJIRI. Une belle production TV, culottée dans ses choix et s'appuyant sur un vrai projet de réalisation. Une des meilleures productions TV l'année de sa diffusion au Japon, avec Mononoke (2007) et Denno Coil (2007), trois séries toujours inédites en France d'ailleurs. Malheureusement, vu le coût de production de la série par rapport à ses résultats, nous ne sommes pas prêts d'en voir la suite (le manga continue lui). Mais que cela ne vous empêche pas de la découvrir (dispo aux US en DVD/BluRay), ses qualités en font un objet artistique qui se suffit amplement à lui-même.

16 août 2011
par Astec




Samurais pâles et glabres usant d’âpres palabres et de macabres sabres

L’art de toute poésie, quelle qu’elle soit, est de laisser multitudes portes entrouvertes pour permettre au lecteur, au spectateur, à une victime de l’hypnose, de compléter lui-même ces blancs offerts. Et ce qui peut sembler un défaut pour un scénario imparfait peut aider une œuvre à atteindre une toute autre dimension, celle qu’habituellement les batteries de scénaristes et autres script doctors d’hollywood s’acharnent à réduire à néant, bouchant tous les trous, toutes les niches d’imagination parce que, parce que… parce que c’est leur job, mince, faut bien bouffer. Et si, en effet, il y a souvent un laxisme dans l’écriture ou des trous volontaires, comme ici avec l’adaptation non clôturée d’un manga qui ne l’est pas non plus – commencer par un flash back pour ne jamais revenir au tout début, donc au présent, faut le faire ! -, à l’arrivée ces pseudo tares servent complètement l’objet.

Dans le registre de la poésie de l’horreur et de la violence, pour exemples, David Lynch a bien compris la formule, les italiens Dario Argento et Lucio Fulci ont un temps touché au sublime en la matière – volontairement, c’est moins sûr – et l’animation japonaise recèle quelques trésors du genre. Le Sword for truth d’Osamu Dezaki est une perle ; ce Shigurui, en l’état sans suite annoncée, une petite bombe. 

  
  

En haut à gauche Fujiki prend la pause ; à sa droite une femme se fait - à raison - du soucis pour elle dans cet univers ultra misogyne ; en bas à gauche c'est au tour d'Irako de faire son malin ; et à en bas à droite revoilà Fujiki pour une représentation ultra stylisée de ses muscles tendus.

Poème guerrier abscons et malsain, Shigurui nous présente la vie au sein d’un dojo de sabre pendant l’ère Kanei, ère où ribambelle de « canailles » toutes plus timbrées les unes que les autres s’affrontent pour des futilités qui ne sont importantes qu’à leurs yeux. Jeux de pouvoir, rapports de force et jalousie ordinaire se succèdent dans une ambiance perverse, masochiste, suicidaire… malade. L’ensemble gravite autour du vieux maître de ce dojo, un vieillard sénile, une enflure de première, un démon, un crevard sadique, qui a pour lui la connaissance et la maîtrise parfaite de l’art du samurai enviée par nos deux présupposés héros, bien loin de l’être en réalité. Bien malin qui saura trouver un personnage sympathique dans ce maelström de personnages tous sans exception gagnés par la folie.

Maladie et folie illustrent ici une certaine forme de génie, un jusqu’au-boutisme dans la maîtrise d’un art qu’on a pu voir dans des œuvres comme Le prestige de Christopher Nolan ou bien encore le Pi d’Aronofsky, la recherche de l’absolu qui à terme ne débouche que sur la décrépitude de l’âme.

Shigurui emprunte au shonen cette surenchère, flirte avec chevaliers du zodiac et consorts pour exacerber les combats tout en restant au plus près d’un certain réalisme, celui de la chair, allant non pas chercher la puissance au fin fond cosmos, l’infiniment grand, mais au contraire au fin fond de l’esprit et au fin fond de la chair, l’infiniment petit. Le coup de pouce servant à dégainer le sabre dégage l’arme toute entière, l’envoie valdinguer au loin. Une lame coincée, lorsqu’elle est libérée avec force, permet de donner au coup d’épée une puissance et une vitesse inégalées. Les muscles se tendent, les chairs sont martyrisées, les guerriers se font mal pour pouvoir faire TRES mal.

Les combats sont tous plus magnifiques les uns que les autres, les tensions monstrueusement palpables, rendues à ce point efficaces grâce à une animation au diapason, un découpage tout bonnement mortel, une utilisation fascinante des couleurs – la gestion du blanc est impressionnante ; couleur d’une clinique, d’une blouse de chirurgien… - des sons toujours pertinents et un score du compositeur du moment, KIYOSHI Yoshida (La traversée du temps, Kaiba, Kurozuka) qui vous glace l’échine comme un sabre à la lame gelée le ferait en vous transperçant  le corps. Sa musique vous envoûte pour mieux vous disséquer la moelle épinière et vous faire participer à ce jeu ultra gore, excessivement malsain mais incroyablement vivant, œuvre de « presque morts », les ceuces qui, pour se sentir en vie, ressentent le besoin de s’en mettre plein la tronche. Ils réclament du sang ! Ils n’y ont pas été avec le dos de la cuillère, lui préférant le tranchant d’une lame parfaitement aiguisée.



09 novembre 2008
par Arno Ching-wan


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